Ce matin c'est d'ici que je vous écris.
Du bord de mer - haut de Cancale.
Petite pluie fine maintenant, ciel gris tout à l'heure seulement.
Deux personnes se baignaient, titillée par l'envie, j'ai fait de même.
Joie d'imiter ceux qui osent.
Le café - resto d'ici affiche quelques écrits au plafond.
C'est à la fois tranquille et vivant,
joyeux, ambiance amicale, familiale.
ça bouge autour de moi et j'aime bien.
Je vous ai parlé, dans un article précédent,
d’une future visite chez Marie-France Brune.
Voir ici fin article du 26 septembre.
Et bien voilà, après avoir tourné autour du Mont Dol, j’y suis allée.
Ceux qui suivent mon voyage entre pages et paysages sur facebook,
(Clodine Porte-Plume) ont eu un aperçu de cette rencontre
totalement insolite, émouvante, intrigante, « bousculante ».
Comment présente-t-on Marie-France Brune dans le monde de
l’édition et des librairies ?
Que savais-je d’elle avant de la rencontrer ?
A peu près ceci.
Marie-France Brune est agricultrice au Mont-Dol, Ille-et-Vilaine .Une femme de 2009, qui vit comme il y a 50 ans. Marie-France Brune a noué un lien indéfectible avec les gitans plus ou moins installés dans le coin. La fermière a un secret : depuis l'adolescence, elle écrit en cachette. Elle raconte cette vie hors normes dans un livre : Et J Irai Voir la Mer a Vélo. Marie-France, fichu sur la tête, bottes aux pieds, indifférente à son âge, n'est jamais sortie de la ferme familiale, les Grands Champs, nichée entre Saint-Malo et le Mont-Saint-Michel, depuis qu'elle a quitté l'école à 16 ans pour aider son père sur l'exploitation.
Pour son 2ème livre on dit aussi ceci:
ouest-france.marie-france-brune-plume-ancree-dans-la-terre-
Ses livres ? Je les ai lus et aimés.
J’ai été embarquée,
et été touchée par la sincérité, la simplicité poétique du langage.
Est née, en même temps qu'un curieux attachement à Marie-France
Brune, sans jamais l'avoir rencontrée, une sorte de fascination étrange
pour sa vie.
Je connaissais son adresse
mais n’avais pas son téléphone pour m’annoncer.
Je comptais sur la surprise et les mots du libraire de Dol
m’avait assuré de son bon accueil pour dédicace.
Pour lier conversation plus facilement, je décidais d’aller à sa ferme
des Grands Champs en roulotte, avec mes livres d'elle.
Les ânesses allaient lui plaire, quant à la vie nomade,
ce serait ce petit lien avec les gitans revenant chez elle chaque année.
N’empêche qu’à l’idée de cette visite j’étais un peu comme les
enfants qui, redoutent et attendent l’histoire qui fait peur.
Peur ?
Peur de déranger,
Peur de ne pas comprendre
Peur d’être à cours de questions
Peur d’avoir des sentiments contradictoires
Peur d’entrer dans un univers bourru, d’être mal reçue...
Je ne pensais pas prévenir de ma visite
et j’ai été annoncée avec tambours et trompettes.
Enfin, nous, avons été annoncés avec tambours et trompettes.
Nous, moi, la roulotte et les ânesses.
A moins que ce ne soit en ordre de priorité
les ânesses, la roulotte et nous, moi.
Je ne sais.
Vendredi 13 octobre
Sur le parking arboré du Mont Dol,
un homme en voiturette sans permis, s’arrête à hauteur de roulotte.
Il nous a vu passer hier et aujourd’hui nous a trouvés.
- « Elle est belle la roulotte. J’étais de ça avant.
Maintenant on s’est arrêté là. On bouge plus, c’était trop dur.
J’arrive du marché, j’vends des légumes que je cultive.
Par contre c’est du bio ! »
Quand je lui demande s’il connait Marie-France
Bien sûr, c’est nous qu’on est dans le livre.
On lui présente ledit livre et le voilà à commenter les photos.
Là son fils, là son neveu, là les deux …
- « Je vais prévenir France, lui dire que vous allez venir
avec la roulotte, ça va lui faire plaisir. »
Le voilà qui s’en va. Sans avoir oublier de nous donner 3 artichauts.
(Ce jour-là nous étions trois à la roulotte.)
Le voilà qui revient. Vous pouvez atteler on vous attend.
Nous n’irons que le lendemain.
Samedi 14 octobre
Un brouillard à couper au couteau,
on ne circule pas en roulotte par ce temps.
Vers 14 h alors que le brouillard se lève, la même voiturette
L'homme a terminé son marché et vient voir ce qu’il advient de nous,
prévenu que nous n’étions pas arrivés chez Marie-France.
Nous prenons chemin sur route sinueuse et creux des immenses
fossés qui s'en vont à la mer.
Devant la ferme des Grands Champs, personne.
Direction le stand du gitan maraîcher.
Et sa fille de nous annoncer sur le portable de Marie-France
- France ? Y a la gadjé qu'est la avec son chariot '. T'es où ?...
Ok je viens avec...
C'est comme ça que tout à commencé, avec Pépéne (28 ans)
la sœur de Starky et cousine de Rocky
Starky et Rocky sont aujourd'hui adultes. Les photos du livre, il y a 10 ans ...
Puis Marie-France Brune est arrivée tout sourire, riante même.
Et du gros camion blanc, descendent la mère, la tante,
la belle-sœur de Pépène. Le téléphone fonctionne bien.
Rien des belles gitanes andalouses dans le portrait de ces femmes
fatiguées. Les jupons sont défraîchis, les couleurs ne s'accordent
pas ensemble, les sourires sont édentés...
Sans doute, les drames de la vie évoqués dans le premier livre de
Marie-France Brune, la vie nomade sans liberté puisque toujours
chassés, un cocktail nuisible d'alcool et de tabac ...
Elles racontent roulottes, chariottes, enfants nés dedans.
Elles disent l'arrêt du voyage à la mort du grand-père,
sa roulotte brûlée comme le veut la tradition.
Marie-France dit l'amitié indéfectible qu'elle porte à cette famille
devenue la sienne, ces enfants à qui elle a appris à lire et écrire.
Pépène qui, elle -même devenue maman, acquiesce avec une
grande accolade à sa comme ma maman.
Les instants de la première rencontre. Les ânesses ont créé lien.
Ce jour là, j'ai suivi le tracteur à vélo,
ramassé les pommes avec Marie-France et Pépène.
Nous avons parlé de nos livres sous le pommier
mais surtout de nos vies, de la souris dans les fruits.
Le lendemain je suis allée dans la maison de Marie-France
pour parler écriture mais ce n'est pas encore ce jour-là
que nous réussirons à être seules..
La cueillette des pommes à cidre.
Je suis désolée pour la mise en page
ma sélection de police et la grandeur de caractères
n'est pas toujours prise en compte sans que je comprenne
pourquoi
De MARIE-FRANCE BRUNE à OLIVIER ROELLINGER . (1ère partie)
( à suivre ...)