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5 mai 2017 5 05 /05 /mai /2017 08:37

 

Certains rendez-vous de mon périple ne me sont rendus possibles que parce que je suis présentée par une tierce personne. D’autres le sont avec la force de l’imprévu. La plupart sont le résultat d’une recherche via internet. Les plus surprenants, répondent à une invitation de personnes inconnues.

 

Ici dans les Ardennes, mon rendez-vous d’hier appartient à la 1ère catégorie.

 

Dimanche dernier, avec famille amis, nous nous arrêtions devant chez Franz Bartelt, auteur d’une quarantaine d’ouvrages livres, romans, nouvelles, poésies, polars … mais beaucoup plus en comptant les pièces de théâtre, feuilletons. Le tout paru chez Gallimard, Le temps qu’il fait, La Dilettante, éditions du Sonneur, France Culture

La rue, la maison, c’était juste pour le repérage de l’endroit mais quelqu’un a appuyé sur la sonnette.

 

S’en suivi, petit café dans la véranda jardin avec Franz Bartelt, sa femme et une amie venant tout droit d’Anjou et qui me dit me connaître mais d’où ?

 

Discussions autour des souvenirs des uns et des autres, je me tais, écoute. On ne parle pas de littérature mais le rendez-vous est pris pour le mercredi fin d’après-midi.

Rencontre avec FRANZ BARTELT ( 1 )

Mercredi ! Je vais manquer de temps pour finir Le Fémur de Rimbaud !

 

Je n’ai rien lu de cet homme et ce que je sais de lui, je le sais par mes recherches internet et ce qu’on m’a dit de lui, de ses livres. Alors je me sens un peu poids plume ! Une sorte de trac. Ridicule, je sais, mais bon, c’est ainsi.

 

Le Fémur de Rimbaud, me plait bien. Pas forcément ce que je recherche mais je suis contente de la surprise, de découvrir ce que je ne cherchais pas. C’est ça aussi l’espoir de ce voyage. Apprendre autrement découvrir. Ce livre c’est enlevé, insolite, gai pour le moment, mais à la moitié du livre je sens le dérapage venir. Télescopage entre rêve quand tout va bien, quand l’étoile est inaccessible et puis soudain patatras lorsque ça peut se faire, qu'il faut y aller, re-patatras, un revirement de situation et on perd ses repères. Mais de manières subtiles, on suit toujours. Hâte d’avancer. En fait : c’est un polar même si Gallimard l’a classé dans la catégorie roman.

 

Rencontre avec FRANZ BARTELT ( 1 )

A part cela je n’ai rien à dire, en connaissance de cause, à Franz Bartelt et je commence à en être embêtée malgré son sourire et sa disponibilité accordée.

 

On dit de lui qu’il n’aime pas parler de lui. Qu’il fuit le monde et ses cérémonies. Qu’aux signatures de ses nouvelles publications il préférerait qu’il n’y ait pas trop de monde…

 

**** *** 

Mercredi fin après-midi.

 

Grille déverrouillée, cadenas ouvert, j’apprendrai plus tard que cette entrée est rarement ouverte. L’entrée principale se trouve de l’autre côté, une autre rue. Celle-ci est celle des invités ! Moi je ne connais que celle-ci !

Rencontre avec FRANZ BARTELT ( 1 )

Franz Bartelt, sa femme, l’amie de l’autre jour, l’angevine.

La bise à chaque. Tu ? Vous ? On passe de l’un à l’autre.

Discussion autour du lieu.

 

 - Les Ardennes est-ce important dans votre écriture ?

 

 - Oui et non, même si elles ne sont pas citées, si elles aborent un autre nom ou ne sont jamais nommées, elles restent un lieu d’inspiration bien qu’il faille préciser que ce sont bien plus les gens que les lieux qui m’inspirent. Les habitant d’un lieu. Oui. De toute façon moi j’écris à partir d’un km2. Un seul kilomètre carré me suffit pour trouver des points d’ancrage à mes histoires. Voyez par exemple dans Le jardin du bossu, c’est un huit clos, je l’ai écrit en regardant chez moi, ma maison comme modèle sauf pour le bassin aux poissons rouges que j’ai cherché à la gare de Charleville.

 

Voilà qu’il confirme ce que j’ai lu. Qu’il était plutôt homme d’une seule maison que de mille.

 

- Parlons donc de ce livre Le Jardin du bossu, d’où vient-il ?

 

- D’un temps ! D’une urgence ! Il me manquait 187 pages pour atteindre mon quota de l’année.

 

 - ?

 

- Oui, j’ai une discipline de travail. Je m’impose un nombre de feuillets par an. Je vous explique. Depuis 30 ans j’écris un seul manuscrit, j’écris sans séparer ce qui sera publié, d’ailleurs je ne cherche pas la publication. J’écris. C’est une drogue. J’écris chaque jour. J’ai longtemps travaillé en usine. Je faisais les 3/8. Et bien je continue. Je travaille mes 8 heures facile, mais avec un aménagement confortable. Aujourd’hui par exemple, c’était de 5 à 17 h. Je n’ai pas écrit tout ce temps, j’ai lu, j’ai épluché les patates, parlé… Je parle de patates car oui il faut bien se délasser de la position d’écriture, c’est physique, fatiguant, en tension. Et puis il y a la vie.

 

- Donc ce manuscrit ?

 

- On était en décembre, fin décembre et me manquait ces 187 feuillets. Il fallait se dépêcher, alors j’ai écrit simplement. Unité de temps, de lieu et très peu de personnages. Ecrire la saison actuelle, regarder dehors dedans pour être sûr de ne pas produire d’anachronisme ! Mes histoires viennent souvent de ce que j’entends, dans la rue, au bistrot. J’ai une très bonne mémoire, je ne prends note de rien. Je me souviens très bien des voix, des timbres de voix, du rythme de voix. Sans doute mon côté théâtre … J’aime écrire le théâtre, j’ai dû en écrire une soixantaine. C’est encore plus dur que les nouvelles car il faut penser aux jeux des acteurs, à leurs déplacements. Les dialogues me plaisent. L’histoire est venue ainsi, toute seule.

 

- Toute seule ?

 

- Je sens que j’ai une histoire à écrire lorsqu’elle est écrite dans ma tête mais je ne sais pas de quoi elle parle. Après ce n’est que du travail. Du travail, du travail, du travail. J’écris sans rature. Quand la première phrase est prête et impeccable pour moi, je la pose et ainsi de suite. Mais oui, l’écriture vient aussi en écrivant. C’est bien parce que j’ai posé la première phrase que la deuxième arrive.

 

- Y a-t-il des surprises d’écriture ?

 

- Oui, il y a celles qui arrivent et celles que je provoque. J’écris en décalé, je casse les codes, c’est plus amusant pour moi et souvent pour le lecteur mais je ne pense pas au lecteur lorsque j’écris puisque je ne pense pas publication. Je peux casser les codes maintenant car j’ai acquis beaucoup d’expériences, je lis aussi des manuels de grammaire. L’écriture doit être maîtrisée pour pouvoir en jouer.

 

 - Un exemple de décalé ?

 

- Lorsque j’arrive à un dénouement de l’histoire, il y a une suite logique qui s’impose, souvent deux hypothèses, je les écris et les oublie, les efface. J’en invente une troisième.

 

- Et comment sait-on qu’un livre est fini ?

 

- Quand je ne peux plus avancer, quand j’ai fait tout ce que je pouvais faire … en fait c’est quand j’en ai marre, que ma réflexion-imagination ne sert plus à rien.

 

C'est à ce moment que ça s’agite dans la véranda cuisine jardin. Préparation à un voyage en Italie. Un voyage forcé me dit l’auteur. Ça ne me réjouit pas plus que ça de manière générale de partir. Je n’aime pas sortir de chez moi, de ma ville, de ses rues, de ses bois, du bord de Meuse. Ici il y a ici tout ce dont j’ai besoin pour écrire.

 

- Et l' édition ? La première fois, quelle en a été la démarche ?

 

- J’écrivais déjà beaucoup, c’était mon métier, chroniqueur à l’Ardennais, pièces de théâtre pour France Culture. 

 

( Bon là je me perds, je ne sais plus le travail en usine, ce travail là, est-ce en même temps ? ) 

 

Je me perds et ça s'agite de plus en plus dans la véranda cuisine jardin. Quel vin pour ce soir ? Si Franz Bartelt n'aime pas beaucoup le monde, il n'est pas pour autant un ours... 

 

Je me sens à l'aise dans les bruits de casserole, dans des histoires de chaussures. Sa femme vient nous interrompre pour lui parler chaussures, lui demander un avis. 

 

Cette petite pause me permet de digérer toutes les infos, de regretter vraiment de ne pas avoir  lu  ses livres, de me réjouir d'en avoir à lire.

 

Ensuite nous parlerons de Gallimard, du travail d'éditeur, des réviseurs et des correcteurs, de la marche en forêt, des ateliers d'écriture, du livre à venir aux éditions du Seuil ce mois-ci, du film sorti en février adapté de l'un de ses livres. 

 

Je vous raconte sur le prochain article.

Photo empruntée à l'émission de France Inter ... devant la grille officielle

Photo empruntée à l'émission de France Inter ... devant la grille officielle

Emission de France Inter  IL EXISTE UN ENDROIT 

17 Septembre 2014

(... à suivre) 

Et n'hésitez pas à écrire commentaires ici  ...

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